Varie
Comment ont-ils pris leur décision ? Ils confient leur parcours, leur choix, souvent leur lutte et leurs blessures, et surtout leur nouvelle vie. Une manière aussi de briser certains tabous. Que se passe-t-il dans la tête d’un individu qui décide pour un moment plus ou moins court ou pour toujours, de mêler sa propre identité aux codes de celle du sexe opposé ? Autant de témoignages, d’expériences de vie mais aussi d’ambiguïtés qu’Olivier Delacroix nous livre sans jugement.
Se travestir, cultiver une ambiguïté physique avec une femme quand on est un homme ou l’inverse, consiste pour beaucoup, à explorer, jouer avec les codes, changer d’apparence, devenir le sexe opposé, pour des raisons sexuelles, artistiques, esthétiques, et pour un moment donné… Pour d’autres, à une échelle différente, cela devient (ou est) ce que l’on appelle une « trans-identité » et s’impose comme une transition inévitable que l’on réalise… Pour la vie. Mystère Le désir, l’envie, la nécessité, le besoin plus ou moins vital de s’approprier l’identité du sexe opposé ne s’explique pas. La seule chose qui puisse être appréhendée est la prise de décision, et plus particulièrement, le processus d’acceptation de ce changement d’identité et ce besoin de le vivre à long ou à court terme, à tout âge et à toute catégorie sociale. Du cadre de 50 ans à l’élève de collège en campagne, ce désir brûlant peut apparaître à tout moment de la vie. Souvent, la première réaction est de refuser cet état de fait, de lutter, de tenter de le combattre, par crainte de ne pas être normal, par peur de détruire sa vie, ou celle de son entourage. Pourtant, à différentes échelles, beaucoup y arrivent. Quelles difficultés rencontrent ces personnes ? Et comment celles qui ont réussi à franchir le cap de la trans-identité vivent-elles ? Être travesti, androgyne ou transsexuel… Trois mots galvaudés qui recouvrent pourtant des réalités différentes. Comment vit-on quand on est transsexuel ? Est-ce une démarche identitaire, revendicative ? Est-ce juste pour le plaisir ? Est-il plus difficile de passer du genre féminin au genre masculin ? (France 4)
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«J’ai voulu m’intéresser à ces hommes et à ces femmes pour qui changer de sexe est une nécessité, un besoin vital pour être enfin eux-mêmes», explique Olivier Delacroix qui présente et co-réalise avec Hugo Lopez ce 52 minutes assez rare dans sa démarche et sa forme.
Charlie, André, Isa, Lala, Anne Gaelle, Florian, Isa, Elsa, Pascale, Fabienne… Ils ou elles sont des hommes et des femmes qui ont décidé un jour de se réapproprier leur vraie identité. Olivier Delacroix est parti à leur rencontre sans a priori. Certaines émissions auraient fait dans le pathos, voir le sensationnalisme, on mise ici plutôt sur la confidence et la complicité.
Encore beaucoup de chemin à parcourir
«J’ai toujours été du côté des indiens… pas des cow-boys», explique Delacroix. Au point de prendre dans ses rencontres et ses commentaires un côté «militant» assez surprenant dans les moeurs télé actuelles. En tout cas, il y a cinq ans, ce genre de documentaire aurait été inenvisageable. Il reste encore évidemment beaucoup de chemin à parcourir, et on regrettera qu’ici la transphobie ne soit qu’imparfaitement évoquée.
Mais en «explosant» les frontières du sexe et du genre avec un programme ouvert et positif, on mesure les progrès accomplis. Olivier Delacroix conclut joliment ce doc: «Avec ce voyage, j’ai eu l’impression de découvrir ces hommes et ces femmes qui repoussent sans relâche les frontières de l’identité». En partant avec lui, on comprend beaucoup de choses.
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